La question des médicaments de l’âme (psychotropes) est au cœur de la pratique psychiatrique et occupe une place prépondérante dans la vie des personnes qui en consomment.
Socialement, la pilule est perçue aujourd’hui comme LA réponse à la souffrance. Dans les faits, les médicaments de l’âme ne diminuent pas toujours les symptômes qu’ils sont censés traités et occasionnent de nombreux effets indésirables. De plus, trop souvent, l’expertise médicale occulte celle de la personne, au détriment du respect de ses droits et de ses décisions.
Les personnes utilisatrices sont les mieux placées pour discuter des effets de la médication dans leur vie; elles désirent partager leurs craintes, leur appréciation, leurs désirs, leurs points de vue sur le traitement qu’on leur propose, sans être perçues comme étant réfractaires, peu collaboratrices, difficiles, ou inaptes. Prendre en compte la place de la médication, c’est informer les personnes concernées sur leurs médicaments, leurs droits et recours, mais c’est aussi leur ouvrir un espace de dialogue.
Bien que la médication soit au cœur de la pratique psychiatrique, les personnes qui consomment des médicaments de l’âme obtiennent trop peu d’informations sur ce qu’elles consomment et sur leurs droits à l’égard de la médication. Cela contrevient au droit à l’information ainsi qu’à l’inviolabilité de la personne et de son intégrité (Charte des droits et libertés de la personne du Québec) et au droit au consentement aux soins (Loi sur les services de santé et les services sociaux; Code civil du Québec).
Depuis sa fondation, l’AGIDD-SMQ s’implique pour que les personnes utilisatrices soient mieux informées. Ainsi, l’AGIDD-SMQ est coauteure du «Guide critique des médicaments de l’âme», en collaboration avec Monsieur David Cohen et Madame Suzanne Cailloux-Cohen, qui a été publié aux Éditions de l’Homme en 1995.
À la demande de personnes utilisatrices de services en santé mentale, l’AGIDD-SMQ a par la suite, à partir du Guide critique, élaboré le programme de formation L’Autre côté de la pilule, en septembre 2000. Une 3e édition a été lancée en octobre 2019.
Cette formation favorise l’appropriation du pouvoir des adultes vivant ou ayant vécu un problème de santé mentale à l’égard de leur médication et de leurs droits. Elle se veut également une démarche visant l’acquisition de connaissances sur les médicaments psychotropes et la compréhension de leurs effets.
Aussi, l’AGIDD-SMQ et le Regroupement des ressources alternatives en santé mentale du Québec (RRASMQ), en collaboration avec le groupe de recherche ÉRASME, a produit un guide qui décrit un modèle de pratique alternative, la gestion autonome de la médication (GAM).
MON GUIDE PERSONNEL: GESTION AUTONOME DE LA MÉDICATION EN SANTÉ MENTALE
Le Guide personnel prend la forme d’un journal de bord. Il permet aux personnes qui consomment des médicaments en santé mentale de s’interroger sur le rôle de la médication dans leur vie et d’établir des liens avec leur état de santé, leur environnement, leurs désirs, leurs besoins et le respect de leurs droits. S’ajoute l’acquisition de connaissances sur les médicaments consommés, y compris sur leurs effets bénéfiques et secondaires. Les informations, les réflexions et les outils du guide amènent les personnes à faire des choix libres et éclairés concernant leur médication. Ce choix peut inclure la diminution ou l’arrêt de la médication, en ayant recours à une méthode progressive et sécuritaire de sevrage pour minimiser les effets de ce dernier. Cette méthode inclut la mise en place d’un solide plan d’action et l’accompagnement par des professionnels de la santé est recommandé. Le guide rappelle qu’il est dangereux de cesser ses médicaments d’un coup. Ce guide est aussi disponible en anglais.
Pour aller plus loin :
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