Pour la septième année consécutive, les groupes de promotion-vigilance et de promotion et défense des droits en santé mentale du Québec se mobilisent pour souligner la journée nationale Non aux mesures de contrôle du 15 mai. Objectif : clamer l’urgence d’abolir l’isolement, la contention et le recours aux substances chimiques.
« Les orientations du Ministère de la Santé et des Services sociaux pour l’application des mesures de contrôle ont maintenant 20 ans, et nous n’observons pas de diminution du recours à ces pratiques discutables dans les établissements psychiatriques et autres institutions de santé au Québec. Bien au contraire ! L’isolement et la contention sont en progression. Il faut agir et faire changer les pratiques institutionnelles, car elles touchent un nombre de plus en plus élevé de personnes. »
Doris Provencher, directrice générale de l’AGIDD-SMQ
Mobilisation générale
Face à ce constat inacceptable, l’Association des groupes d’intervention en défense des droits en santé mentale du Québec (AGIDD-SMQ), invite le grand public à se joindre au mouvement de mobilisation nationale initié avec le Collectif de défense des droits de la Montérégie (CDDM) pour dénoncer, une fois de plus, l’usage des mesures de contrôle et rappeler l’importance de les abolir !
Une campagne de sensibilisation sur les réseaux sociaux est lancée dès aujourd’hui, sur la page Facebook et le compte Twitter de l’AGIDD-SMQ. Celle-ci se poursuivra pendant les 15 prochaines semaines, jusqu’au 15 mai.
Plusieurs actions nationales et régionales d’ampleur sont également prévues sur le terrain, en amont et lors de cette date symbolique.
Cette mobilisation est également l’occasion de souligner que des alternatives plus humaines et plus respectueuses des personnes vivant un problème de santé mentale existent, et qu’elles ont déjà largement fait leurs preuves dans certains milieux.
Des pratiques aux lourdes conséquences
Être placé en isolement pendant plusieurs jours, attaché plusieurs heures d’affilé ou se voir injecter de multiples substances chimiques, ce sont les réalités vécus par de nombreuses personnes hospitalisées en psychiatrie.
L’utilisation des mesures de contrôle a des effets néfastes graves sur la santé physique et psychologique des personnes, ainsi que des répercussions sociales :
→ sentiment de solitude et d’abandon,
→ sources d’anxiété, d’agitation, de confusion, de dépression, de peur,
→ perte de mobilité,
→ dépendance accrue,
→ sources de blessures diverses souvent liées à des tentatives pour se défaire de la contention physique (plaies, problèmes respiratoires, incontinence…)
– etc.
Engagement non tenu
En 2002, le Ministère de la Santé et des Services sociaux (MSSS) se prononçait sur la nécessité de réduire, voire d’éliminer les mesures de contrôle à travers la publication de ses Orientations ministérielles relatives à l’utilisation exceptionnelle des mesures de contrôle. Malgré cette position, nous sommes pourtant témoins que les recours à l’isolement, la contention et les substances chimiques sont toujours pratiqués au Québec. Pire encore, l’utilisation de l’isolement et de la contention se fait souvent dans des contextes qui ne respectent pas la Loi sur les services de santé et les services sociaux (article 118.1) du Québec.
Grâce à cette nouvelle mobilisation, l’AGIDD-SMQ espère que le gouvernement du Québec prendra enfin conscience des situations de maltraitance induites par l’usage des mesures de contrôle dans le système psychiatrique.