En mars 2023[1], le gouvernement fédéral doit lever l’exclusion de l’accessibilité de l’aide médicale à mourir aux personnes présentant comme seule condition médicale un problème de santé mentale.

Depuis que cette question a été mise de l’avant sur la scène politique au Québec, l’Association des groupes d’intervention en défense des droits en santé mentale du Québec (AGIDD-SMQ) a maintenu sa position : dénoncer la discrimination du « deux poids deux mesures » entre la crédibilité qu’on accorde aux problèmes de santé physique et la minimisation de la souffrance que vivent les personnes avec un problème de santé mentale. Également, mettre de l’avant en priorité la parole et l’opinion des personnes directement concernées.

Lors du dépôt du rapport de la Commission spéciale sur l’évolution de la Loi concernant les soins de fin de vie, à l’Assemblée nationale du Québec, en décembre 2021, l’AGIDD-SMQ avait été très déçue de constater que leur conclusion était « de ne pas élargir l’accès à l’aide médicale à mourir aux personnes dont le seul problème médical est un trouble mental. » En prenant cette décision, la Commission rendait tout dialogue caduque. Au nom d’un excès de prudence, les membres de la commission fermaient la porte sans donner l’occasion aux personnes vivant un problème de santé mentale, aux acteurs et actrices impliqué·e·s dans ce domaine et à la société, de poursuivre la réflexion.

À la suite de cette décision, nous avions prévu que le Québec serait forcé de se raviser et de ramener cette délicate question sur la scène politique. C’est ce qui arrivera en mars prochain. Le Québec ne pourra plus se cacher derrière les arguments concernant l’absence de consensus social et de mobilisation particulière au sein de la société. La discussion est désormais incontournable.

Au Canada, le Québec a été précurseur sur la question de l’aide médicale à mourir, il a eu le courage de voter une loi allant en ce sens en 2015 et permettre à des milliers de québécoises et québécois de mourir dans la paix et la dignité. Ainsi, l’AGIDD-SMQ demande à la nouvelle ministre déléguée à la Santé et aux Aînés, Sonia Bélanger, qui porte ce dossier, de nous démontrer son leadership en reprenant le dialogue, afin que les personnes qui vivent un problème de santé mentale aient droit à la même considération que tous les citoyennes et citoyens du Québec.

Tout comme le dit madame Nathalie Collard, « Il faut traiter cette question avec une grande empathie. Oui, il faut être en phase avec la société québécoise. Mais pas aux dépens des droits fondamentaux des gens qui souffrent. »

Doris Provencher directrice générale
AGIDD-SMQ
Montréal

[1] Depuis la rédaction de cette lettre, le ministre de la Justice et procureur général du Canada, David Lametti, le ministre de la Santé, Jean-Yves Duclos et la ministre de la Santé mentale et des Dépendances et ministre associée de la Santé, Carolyn Bennett, ont déclaré, le 15 décembre 2022 : « À l’écoute des experts et des Canadiennes et des Canadiens, nous sommes d’avis que cette date doit être temporairement reportée. Il faudra présenter un projet de loi au retour de la Chambre des Communes et du Sénat en janvier. »